Entre 100.000 et 120.000 manifestants à Bruxelles ce jeudi. Des réseaux de transports en commun fortement perturbés, si pas à l'arrêt complet. Des échauffourées malheureuses.
Tout ceci pour déboucher, enfin, sur une discussion entre le nouveau gouvernement et les partenaires sociaux. "Enfin", car bon nombre d'événements et de faits récents auraient pu être évités.
D'un côté, une nouvelle équipe gouvernementale qui, pour certaines des personnalités les plus exposées (présidents de parti inclus) donne l'impression de n'avoir cure de l'avis et des réactions que suscitent les mesures reprises dans la déclaration gouvernementale. De la pure arrogance à l'égard de toute (une partie de) la population belge.
De l'autre, des corporations de travailleurs et d'employés qui craignent pour leur avenir, pour leur famille, leurs (petits) enfants, leur santé. Des syndicats qui traduisent certaines mesures de la déclaration gouvernementale en épouvantails du déclin social. Une vision parfois court-termiste de la société qui, couplée à un manque d'informations, d'explications, suscite colère et frustrations.
On aurait pu éviter cela. Du moins certains affrontements, certaines repeintures de devantures, certains véhicules brûlés, certaines visites à l'hôpital, on en passe. L'image, déjà ternie, du gouvernement aurait également pu être épargnée.
La reunion qui s'est tenue ce jeudi 6 novembre en fin d'après midi et qui a permis de voir se rencontrer le Premier ministre et les représenants des principaux syndicats constitue un pas en avant, mais aurait du se dérouler il y a déjà quelques mois. Car à trop vouloir passer en force, à trop faire la sourde oreille aux réactions contraires, le gouvernement se retrouve aujourd'hui face à deux problèmes:
1 - Vu que discussion et négociations il y aura, de toutes façons, le gouvernement aurait pu et du y faire appel en amont des négociations (ou en tout cas de la déclaration gouvernementale) afin de faire preuve de respect et de confiance. Deux aspects que le gouvernement doit s'efforcer de renverser afin de montrer qu'il représente les préoccupations et les intérêts de tous les Belges.
2 - La tâche du gouvernement à présent est également d'expliquer la déclaration gouvernementale, de communiquer sur l'état du pays et ses enjeux, de démystifier certaines mesures, de faire preuve de pédagogie envers les citoyens. Cette tâche se révèle d'autant plus compliquée maintenant que certaines mesures ont été décriées en long et en large à peu près partout (parlement, médias, rue).
Moins d'arrogance, plus d'écoute et de discussion donc. A moins que, cynisme politique oblige, tout ceci était prévu par le gouvernement. En psychologie sociale, on appelle ça la technique de "la porte dans le nez" : demander plus pour pouvoir disposer, après négociations, de ce qu'on veut vraiment.
Ceci et la façon dont la concertation avec les syndicats va se dérouler seront les deux choses à tenir à l'œil dans les prochaines semaines.
RF
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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "Xen" d'Arca.
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