mercredi 17 décembre 2014

2014 en musique ♪ ♫

Chers toutes et tous, 

L'an neuf approche à grands pas et il m'est venu l'envie de partager avec vous mes découvertes (et confirmations) musicales de 2014. 

Loin de moi, par contre, l'idée d'établir un classement des meilleurs sorties de cette année. 

Il s'agit davantage de dresser, en toute subjectivité et sans ordre particulier, la liste des albums (15 en l'occurence) que je réécouterai selon moi dans un, deux voire, qui sait, cinq ans.

Et vous, qu'est-ce qui a titillé vos oreilles cette année?

Bonne écoute, bonne(s) découverte(s), et d'ores et déjà bonnes fêtes!  

Mes albums 2014 

Vous pouvez trouver tous ces albums dans la playlist en bas de page. Il suffit de scroller.

♪ Flying Lotus - You're Dead
♪ Chet Faker - Built on Glass
♪ Jungle - Jungle
♪ Lone - Reality Testing
♪ Slackk - Palm Tree Fire
♪ Caribou - Our Love
♪ Kiasmos - Kiasmos
♪ Guts - Hip Hop After All
♪ Fakear - Sauvage
 Jhene Aiko - Souled Out
♪ Odesza - In Return
♪ How to Dress Well - What is This Heart?
♪ Beck - Morning Phase
 Owen Pallett - In Conflict
♪ Run the Jewels - Run the Jewels

2014 en musique



RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "Black Messiah" de D'Angelo

vendredi 5 décembre 2014

Il y a quelque chose de pourri en France

La récente réélection de Marine Le Pen à la présidence du FN marque en quelque sorte le lancement de la campagne pour les élections présidentielles françaises de 2017. Candidate dors et déjà en ordre de marche, elle et son parti bénéficient d'une longueur d'avance (de plusieurs mois, voire d'années) sur leurs concurrents directs, à l'UMP et au PS principalement. Car, en attendant la désignation des candidats de droite et de gauche (après, on peut le redouter, nombre de déchirements, coups fourrés et surprises), Marie Le Pen peut déjà mettre en oeuvre son plan de bataille (commencé il y a déjà plusieurs mois/années), imposer ses sujets, façonner ses messages. Ne laissant qu'aux autres la possibilité de se positionner par rapport à ses thèmes. 

La France, comme beaucoup de pays européens, est traversée par plusieurs crises. On retrouve dans trois d'entre elles (au moins) les éléments qui ont permis et permettent au Front National non seulement de progresser dans les sondages et les élections, mais également de s'implanter dans le paysage politique et social français : 

  • Crise économique : le taux de chômage, la perte de pouvoir d'achat, la perte de la compétitivité de l'industrie française, les fermetures d'entreprises, la paupérisation de la société, tout cela contribue à un climat de plus en plus morose et attise les frustrations de (certaines franges de) la population. 

  • Crise identitaire : la perte du statut de la France sur la scène internationale, le French-bashing à répétition, la perception d'une perte de certaines valeurs fondamentales, le manque de vision pour le futur. Ces éléments brouillent les repères et enlèvent aux citoyens une chose à laquelle ils peuvent s'accrocher en périodes difficiles. 

  • Crise politique : les scandales (entre autres Bygmalion, Cahuzac, Thévenoud, etc.), les guerres intestines (Copé vs Fillon, frondeurs vs gauche gouvernementale, Sarkozy vs Juppé, etc.), les réglements de comptes (dans des livres, dans les médias), les trahisons, etc., offrent aux Français un cirque quotidien dans lequel les principaux intervenants sont de pâles caricatures d'eux-mêmes et contribue à accentuer la méfiance et le mépris envers les politiciens. 

    S'ajoute à cela la distance qui s'est accrue entre les préoccupations des citoyens et les discours et actions des dirigeants politiques, ainsi que les promesses non tenues (parmi elles, la fameuse inversion de la courbe du chômage). 

Ces crises ont, entre autres, pour effet les réactions suivantes, du moins pour une certaine partie de la population : 

  • Un sentiment d'abandon, de désintérêt généré par les discours et actions d'une grande partie des décideurs politiques.  

  • Un désir de retour au passé car ce dernier paraît réconfortant, rassurant, meilleur, plus glorieux. Non pas que tout était rose avant, mais au moins on sait ce qu'il en était, alors que maintenant on manque de répères. 

  • Un repli sur soi. La peur de perdre ce qu'on a (comme traditions et matériellement) pousse à l'individualisme, à mettre son groupe en premier, de sorte à créer des discours (et des actes) de "nous contre eux", de rejet, de division.
  • Une perte de confiance dans le personnel politique "traditionnel", c'est-à-dire celles et ceux qui ont exercé et qui exercent un mandat politique, de préférence de niveau national. Cela a pour conséquence une forte abstention aux élections (plus de 57% des électeurs français inscrits n'ont pas voté aux dernières européennes, soit plus de 26 millions de personnes), un vote pour les extrêmes, un accroissement du sentiment de tous pourris. 
Face à leurs préoccupations, les citoyens sont sensibles aux appels d'une oreille qui est à leur écoute, ou du moins qui en donne l'impression. Et qui, en plus, permette de leur donner des solutions, toutes simples et simplistes qu'elles soient. 

Pendant au moins dix ans, representants politiques, médias et politologues ont répété que si rien n'était fait, si rien n'était changé dans la relation entre pouvoir et citoyens, un jour le FN s'emparerait de plusieurs municipalités. Hénin-Beaumont étant la ville la plus redoutée. Que s'est il passé il y a quelques mois ? Et qu'a-t-il été fait ces dernières années pour éviter cela ? Rien, mis à part crier au loup. 

Mais crier au loup, seulement et simplement, sans apporter d'alternatives, sans se remettre en question, sans se demander pourquoi ce loup a autant de succès, n'a contribué qu'à apporter de l'eau à son moulin. Et l'a placé en alternative réelle de celles et ceux qui occupent le pouvoir. 

En essayant de diaboliser le parti, tout en lui permettant de s'exposer mediatiquement, cela l'a transformé en victime et n'a fait que légitimiser son existence comme parti anti-politiciens traditionnels, contre le soi-disant establishment, le système en place. Cela pouvait peut-être tenir tant que la situation socio-économique ne vacillait pas trop. Mais une fois que le discrédit contre le pouvoir (et ceux qui l'occupent) a gagné en ampleur, la valeur refuge a été soit l'absentionnisme soit le vote pour les extrêmes. Et le FN a su canaliser très justement ces sentiments de frustration et d'agacement. Mieux, il a réussi a non seulement recuellir les votes de rejet des partis traditionnels, mais fédère de plus en plus d'adhésions à son programme. 

Ce qui semble pourri en France, ce n'est pas tant le FN (au contraire il se porte bien) ou ses électeurs (ils ont repris confiance), mais bien la politique traditionnelle et surtout le manque de réaction des politiciens, l'absence de tentative de compréhension des hommes et femmes politiques, qui ne semblent pas se soucier des besoins et préoccupations des électeurs du FN et des abstentionnistes. Qui, au contraire, donnent l'impression de s'en débarasser d'un revers de la main. Qui paraissent davantage guidés par la prochaine échéance électorale et par les intérêts de leur propre groupe. Car diaboliser et tourner en ridicule le vote de plus de 4,5 millions de Français (voix récoltées par le FN aux dernières élections européennes), tenter de culpabiliser la vingtaine de millions d'abstentionnistes, c'est les insulter et les pousser davantage dans leur décision. Ce qui pose problème, c'est le pourrissement d'une situation (abstentionnisme, montée de l'extrême droite et de ses thématiques, discrédit des représentants politiques traditionnels) sans (donner l'impression d') en chercher les causes et d'y remédier. 

La politique française (et européenne) gagnerait en crédibilité et en respect si elle faisait preuve d'humilité, de pédagogie envers (tous) les citoyens, et arrêtait de donner une image pitoyable de ses représentants. Car à trop crier au loup, encore et encore ("si ça continue comme ça, Marine Le Pen sera au second tour des présidentielles en 2017"), la prophétie se réalise, on l'installe dans la tête des gens et cela devient non seulement probable, mais de plus en plus souhaitable. 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "You Go Girl" de Frank & Tony et "Shelter" de Moiré

mardi 25 novembre 2014

Une mobilité bruxelloise en quête de sens

Soyons de bons comptes, l'aménagement d'un grand espace piétonnier dans le centre de Bruxelles constitue un projet ambitieux et nécessaire pour le bien-être des gens (habitants de la zone, citoyens bruxellois et belges, touristes) ainsi que pour l'environnement. La récente étude sur la pollution à Paris vient notamment confirmer (toute proportions gardées) qu'un changement dans la mobilité urbaine est indispensable. 

Ce qui laisse perplexe, ce n'est pas tant ce qui va changer à l'intérieur de la Petite Ceinture (même si certaines réserves peuvent déjà être émises concernant le risque de créer un mini-ring), mais bien l'impact que ce nouveau projet a(ura) sur le reste de la Région. Le Pentagone n'est pas un îlot perdu au milieu des champs, mais une partie d'une ville composée de plusieurs communes. Communes qui, pour certaines, souffrent de problèmes de trafic parfois plus importants que dans le centre-ville (on pense, au hasard, aux extrémités de Woluwé-Saint-Pierre, Auderghem et Evere en bord de Ring ou le goulet Madou). 

Ce qui rend dubitatif, c'est le manque de vision holistique de la part des autorités bruxelloises, tous niveaux confondus. Une grande partie des voitures qui roulent aujourd'hui dans le centre n'y auront plus accès. A moins que les conducteurs décident de ne plus prendre leur voiture (on en doute), ces mêmes voitures rouleront en dehors du Pentagone, ajoutant des embouteillages, des énervements et des réactions en chaîne à des zones déjà encombrées. 

L'idée partant du principe que l'interdiction faite aux voitures d'accéder à un territoire délimité entrènera un changement de mentatlités dans leur mode de transport, ne tient pas forcément la route. Les conducteurs n'abandonneront pas, comme par magie, l'utilisation de leur quatre roues en ville, surtout s'il n'y a pas d'alternative efficace. 

Cette même idée pourrait par contre faire partie d'un plan global, incluant toutes les communes bruxelloises et de la périphérie, afin d'avoir une vue d'ensemble cohérente qui prennent tous les aspects (et tous les quartiers) en compte. A ce titre, les leviers sur lesquels il serait possible de jouer sont multiples: 

  • Investissement massif dans les transports en commun, tant en terme d'augmentation de lignes que de nombre de véhicules; 
  • Péage à l'entrée de Bruxelles afin de filtrer les allées et venues (manne financière qui permettrait également de supporter l'investissement en transports en commun);
  • Rôle accru de Bruxelles-Mobilité afin d'avoir une vision et un pouvoir de décision supérieur aux communes;
  • Développement de pistes cyclables cohérentes et sans risque (exemple parmi d'autres : trop souvent des pans de rues empruntés par les automobilistes sont également mis à disposition des cyclistes ce qui, même s'il y a un marquage au sol, expose ces derniers à des dangers);
  • Abandon (progressif) de la déduction fiscale des voitures de société au profit d'une fiscalité environnementale. 
Ces quelques éléments (il y en a d'autres évidemment) devraient être pris en considération dans leur globalité et non séparément, chacun d'entre eux venant en alternative à d'autres. 

Bruxelles (19 communes et périphérie) est confrontée à plusieurs défis de taille dont, notamment, la gestion de l'explosion démographique et les enjeux environnementaux (pollution, biodiversité, etc.). Son statut hybride (ville-région composée de communes dont le pouvoir est important) doit évoluer vers plus de concertation et de coordination entre les différents acteurs afin d'avoir une vision et une mise en oeuvre de politiques plus incluantes, qui permette de faciliter la vie des gens tout en préservant leur santé et l'environnement. D'autres villes (plus grandes, plus petites, plus vieilles, plus jeunes, plus riches, moins fortunées) l'ont réalisé. Il est temps maintenant que le grand Bruxelles s'y attèle. 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "Patine" de Brns

vendredi 21 novembre 2014

De la reconnaissance, de la périphérie et du covoiturage : les trois faits marquants de la semaine (21/11)

Bonjour à toutes et tous, 

Au milieu de la masse d'informations qu'inonde l'être humain, il est parfois difficile de retenir certaines d'entre elles et de faire le tri. Voici donc les trois faits qui ont marqué mon attention cette semaine. Bonne lecture. 

- L'Espagne en passe de reconnaître la Palestine : et de trois en trois semaines. Après la Suède (qui l'a fait officiellement fin octobre) et le Royaume-Uni (via une motion de la Chambre des Communes), c'est au tour du Congrès espagnol d'appeler, à une très nette majorité, le gouvernement à reconnaître l'Etat palestinien. 

Côté pile: Des débats agitent également le monde politique français et, de son côté, la nouvelle Haute Représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères, Federica Mogherini, a plaidé récemment pour la même reconnaissance. C'est évident, le sujet est de plus en plus abordé en hauts lieux et présenté comme une solution aux conflits qui sévissent dans la région. L'institution d'un Etat palestinien ne peut avoir lieu que si une large majorité des grandes puissances (occidentales) le veulent et poussent pour y arriver. Un Etat permettra aux Palestiniens de bénéficier de droits, mais également de devoirs (on pense là par exemple à une délégitimisation du Hamas). Cela conduira également à un équilibre juste dans la résolution de conflit, le nouvel Etat palestinien se voyant porté au même rang qu'Israël dans le droit international. 

Côté face: Le sujet est compliqué (ou du moins est rendu difficile à cerner par certains) et des décisions rapides et non mûries (ou du moins non expliquées) pourraient déboucher sur une radicalisation (encore plus) importante de l'Etat d'Israël envers les Palestiniens, mais également envers ses principaux alliés, Etats-Unis en premier. Cela pourrait conduire à des pressions sur les différentes administrations et à durcir le ton (et le portefeuille) de certains bailleurs de fonds des candidats à l'élection américaine. Cela pourrait également, en fonction des événements à venir et des décisions et déclarations prises (on pense ici à l'actualité récente à Jérusalem), à une montée (encore plus importante) de l'antisémitisme.

- La "dénéerlandisation" de la périphérie : selon une étude réalisée par le Brabant flamand, les communes autour de Bruxelles accueillent de plus en plus d'habitants (12.000 entre 2006 et 2009) dont le néerlandais n'est pas la langue principale (et souvent, pas la langue du tout). Fait non négligeable : ces nouveaux brabançons flamands ne sont pas, dans leur majorité, francophones (comme cela a pu être synonyme de stéréotype pendant des lustres), mais d'origine "étrangère".

Côté pile: En conséquence de l'explosion démographique de la Région bruxelloise (qui ne fait que commencer), une solution pour apparemment plusieurs milliers de personnes est de quitter les frontières régionales de la capitale pour s'installer de l'autre côté du Ring, à une distance convenable (embouteillages exceptés) de leur lieu de travail et de l'école de leurs enfants (en territoire bruxellois) tout en profitant d'un ratio prix/mètre carré plus attractif et en disposant de plus de place. Cela montre, s'il le fallait encore, la grande quantité de liens socio-économiques entre le "centre" et la périphérie. Et d'ajouter de l'eau au moulin à un élargissement de Bruxelles qui, si géré de manière rationelle et pragmatique, permettrait d'harmoniser certaines politiques en matières de mobilité, d'immobilier, de fiscalité, etc.

Cela (pour rassurer les plus sceptiques), tout en préservant la langue néerlandaise. A ce titre, l'étude montre qu'une majorité des nouveaux habitants de la périphérie est déterminée à apprendre la langue de Vondel. 

Côté face: Une des raisons pour lesquelles cette étude sort maintenant est manifestement le fait que l'accueil des arrivants, leur parcours d'intégration et les cours de langues qui leur sont dispensés sont des compétences qui, à partir du 1er janvier 2015, passent de la province (ici en l'occurence le Brabant flamand) à la Région flamande. Et qui à la main en Flandre? La N-VA qui non seulement affiche une certaine antipathie envers les francophones, mais qui, surtout, défend bec et ongles tout se qui permet de donner de l'ampleur à une identité flamande. 

Un changement de statut de certaines communes flamandes, un rapprochement avec Bruxelles, pourraient se heurter à un dogmatisme flamingant et voir se renforcer les différences entre périphérie et capitale pour (ré)affirmer le caractère flamand de ces communes. On perdrait alors du temps et surtout une occasion (unique?) de redynamiser Bruxelles et les communes. 


- La montée en puissance du co-voiturage. La société Uber a réalisé (au moins) deux bons coups de communication dernièrement (même s'il y a eu aussi des râtés) : l'alternative aux taxis en temps de grève et le partenariat avec Brussels Airlines. Si le système de covoiturage est défini comme illégal par le gouvernement bruxellois, il continue néanmoins à être opérationnel, à exercer une pression sur les autorités et à surfer sur cette illégalité


Côté pile: Cela offre de nouvelles possibilités pour les personnes désireuses de se déplacer en voiture sans conduire. Que ce système soit une menace directe envers les chauffeurs de taxis est évident. Mais au lieu d'interdire un concept qui non seulement existe dans plus de 200 villes, mais également dans lequel Google a investi (et qui donc ne devrait pas finir demain), les autorités (associées aux compagnies de taxis) devraient revoir les services de voiturage, les réformer, les dynamiser, les moderniser. Et associer les sociétés comme Uber afin de proposer une offre globale et éviter de monter les camps les uns contre les autres. D'autant plus que le professionalisme et les compétences de certains chauffeurs de taxis, voire de certaines compagnies en général, laisse plus qu'à désirer pour une ville qui se veut internationale (et capitale de l'Europe). 

Côté face: Cela crée (et va créer encore davantage) de mécontentements et de colère dans le chef des chauffeurs et sociétés de taxis avec, potentiellement, des débordements comme en France cette année. La manière dont Uber tente de s'imposer n'est pas pour calmer ces mécontentements car elle paraît comme un passage en force, ne tenant pas compte, voire ne respectant pas du tout, les impacts sur les professionnels du secteur.  

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Bon week-end! 

RF

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Ce biller a été rédigé en écoutant l'album "Turning" d'Antony & The Johnsons

mardi 18 novembre 2014

Une Belgique neutre et discriminatoire

Et voilà que revient la sempiternelle antienne relative aux signes religieux dans l'espace public. Comme le refrain d'une chanson conservatrice et de repli qui refait son apparition tous les 4-5 ans. 

Partons du principe que la décision du gouvernement fédéral (interdire le port de signes religieux, politiques et philosophiques pour les fonctionnaires fédéraux en contact avec le public) ne vise aucune communauté en particulier. Quelle est le but visé? Le gouvernement se réfère à une loi de 1937, laquelle édicte que "(...) l'agent de l'Etat évite toute parole, toute attitude, toute présentation qui pourrait être de nature à ébranler la confiance du public en sa totale neutralité, en sa compétence ou en sa dignité." Il s'agirait donc de veiller à la neutralité du fonctionnaire public.  

A nos yeux, neutre ne veut pas dire aseptisé, sans particularité, sans personnalité. Le fonctionnaire, fédéral, régional, communal, européen, est neutre dans la manière dont il traite les dossiers, dont il s'adresse aux citoyens, dont il fait preuve de sens professionel. Porter une kippa, un t-shirt avec Che Guevara ou un pin's arborant la flamme laïque ne présuppose pas que le citoyen se verra traité différemment, que le service qui lui sera apporté sera biaisé. Le penser, et en faire découler une décision politique, relève du procès d'intention. 

Qu'est-ce qui dérange tellement dans le signe religieux? Qu'est ce qui me fait craindre une différence de traitement selon que le fonctionnaire en face de moi arbore une croix plutôt qu'un t-shirt de Marylin Manson (au hasard) et des tatouages celtiques sur ses avant-bras (toujours au pif)? 

Si on examine de plus près cette décision, et qu'on va au-delà de la liberté (bafouée) de porter le vêtement que l'on souhaite, on voit deux autres limites à cette décision qui portent atteinte, eux, aux droits de l'Homme: 

- une discrimination religieuse, surtout envers les musulmans et les juifs. Soyons de bon compte, le fonctionnaire chrétien qui se voit interdire le port ostentatoire de son appartenance religieuse pourra mettre sa croix en dessous de son polo ou de son chemisier. Qu'en sera-t-il des hijabs, tchadors et kippas? Sachant que le port de ces derniers fait partie intégrante de la foi des personnes qui les coiffent, ces dernières devront soit changer de département (si possibilité il y a), soit tout simplement changer d'employeur. 

- une discrimination de genre : on le répète, les personnes les plus exposées à cette décision sont, à nos yeux, les fonctionnaires de confession juives et musulmanes. Parmi ces derniers, les hommes ne sont pas tant touchés vu qu'il s'agit surtout de viser les signes ostentatoires, à savoir, en l'occurence, le foulard islamique, porté par les femmes.

Nous ne connaissons pas les chiffres des personnes portant des signes religieux ostentatoires dans les administrations publiques. Mais, même si l'on parle ici d'une minorité de personnes affectées par cette décision, il s'agit d'une stigmatisation claire et nette envers des personnes en fonction de leur appartenance religieuse, philosophique, etc. 

Il serait plus intelligent (et plus porteur) de concentrer les efforts sur la promotion de la tolérance, de la diversité, du multiple, du vivre ensemble. Afin, peut-être un jour, de ne pas changer de file parce que la fonctionnaire est voilée, mais y rester car cela sera normal, cela fera partie, pour tout un chacun, de la composition de société telle qu'elle est (déjà aujourd'hui). 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant Radio Meuh

vendredi 7 novembre 2014

L'arrogance, la frustration et la porte dans le nez

Entre 100.000 et 120.000 manifestants à Bruxelles ce jeudi. Des réseaux de transports en commun fortement perturbés, si pas à l'arrêt complet. Des échauffourées malheureuses.


Tout ceci pour déboucher, enfin, sur une discussion entre le nouveau gouvernement et les partenaires sociaux. "Enfin", car bon nombre d'événements et de faits récents auraient pu être évités.

D'un côté, une nouvelle équipe gouvernementale qui, pour certaines des personnalités les plus exposées (présidents de parti inclus) donne l'impression de n'avoir cure de l'avis et des réactions que suscitent les mesures reprises dans la déclaration gouvernementale. De la pure arrogance à l'égard de toute (une partie de) la population belge.

De l'autre, des corporations de travailleurs et d'employés qui craignent pour leur avenir, pour leur famille, leurs (petits) enfants, leur santé.  Des syndicats qui traduisent certaines mesures de la déclaration gouvernementale en épouvantails du déclin social. Une vision parfois court-termiste de la société qui, couplée à un manque d'informations, d'explications, suscite colère et frustrations.

On aurait pu éviter cela. Du moins certains affrontements, certaines repeintures de devantures, certains véhicules brûlés, certaines visites à l'hôpital, on en passe. L'image, déjà ternie, du gouvernement aurait également pu être épargnée.

La reunion qui s'est tenue ce jeudi 6 novembre en fin d'après midi et qui a permis de voir se rencontrer le Premier ministre et les représenants des principaux syndicats constitue un pas en avant, mais aurait du se dérouler il y a déjà quelques mois. Car à trop vouloir passer en force, à trop faire la sourde oreille aux réactions contraires, le gouvernement se retrouve aujourd'hui face à deux problèmes: 

1 - Vu que discussion et négociations il y aura, de toutes façons, le gouvernement aurait pu et du y faire appel en amont des négociations (ou en tout cas de la déclaration gouvernementale) afin de faire preuve de respect et de confiance. Deux aspects que le gouvernement doit s'efforcer de renverser afin de montrer qu'il représente les préoccupations et les intérêts de tous les Belges. 

2 - La tâche du gouvernement à présent est également d'expliquer la déclaration gouvernementale, de communiquer sur l'état du pays et ses enjeux, de démystifier certaines mesures, de faire preuve de pédagogie envers les citoyens. Cette tâche se révèle d'autant plus compliquée maintenant que certaines mesures ont été décriées en long et en large à peu près partout (parlement, médias, rue). 

Moins d'arrogance, plus d'écoute et de discussion donc. A moins que, cynisme politique oblige, tout ceci était prévu par le gouvernement. En psychologie sociale, on appelle ça la technique de "la porte dans le nez" : demander plus pour pouvoir disposer, après négociations, de ce qu'on veut vraiment.

Ceci et la façon dont la concertation avec les syndicats va se dérouler seront les deux choses à tenir à l'œil dans les prochaines semaines.

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "Xen" d'Arca.

vendredi 31 octobre 2014

Facebook, nouvelle agence de presse mondiale

Je dois bien l'avouer, je ne suis plus allé sur la page d'accueil d'un site d'information depuis plusieurs mois. Mis à part la lecture régulière d'un quotidien et d'un newsmagazine tous deux au format papier, mes principales sources d'information sont les médias sociaux, singulièrement Facebook et Twitter. C'est d'ailleurs sur le premier de ceux-ci que j'ai été interpellé par un article repris par Courrier International sur l'importance que le site de Mark Zuckerberg a pris dans le secteur de l'information au niveau mondial. 

Le flux d'actualité de Facebook (qui regrouperait plus de 1,3 milliards d'utilisateurs actifs) fonctionne selon un algorithme bien défini. Contrairement à d'autres générateurs de contenus, les "news" qui s'affichent ne dépendent pas que d'un critère chronologique (comme Twitter par exemple) ou de centre d'intérêt (Feedly, Pulse), mais également en fonction de ce que j'ai lu (ou simplement cliqué) précédemment, de ce que mes "amis" ont également vu et apprécié et du "buzz" que génère tel ou tel lien. 

Je tombe donc de plus en plus sur des informations qui sont définies non pas par des critères d'informations classiques, mais bien par des modes d'utilisation, de consommation. Plus un lien est cliqué, aimé, commenté, partagé, plus j'aurai l'occasion de le voir apparaître dans mon fil d'actualité. 

D'un côté, cela me permet d'être "à la page", d'être au courant en un coup d'oeil (ou presque) des faits d'actualité principaux du moment. Ou en tout cas de ceux qui rencontrent une attention certaine tant de la part des médias qui publient le lien (toutes les articles d'un site d'information ne sont pas reprises sur Facebook) que des utilisateurs. 

D'un autre côté, j'ai de moins en moins l'occasion de tomber sur un article "différent", comme lorsque l'on feuillette un journal ou magazine, ou lorsqu'on va sur la page principale d'un newsmedia en ligne. Et plus j'utilise Facebook comme source d'information, moins ce dernier agit comme un réseau social, car moins je vois ce que mes "amis" postent sur leur profil. 

Mais bon, ceci pourrait être facilement changé si je faisais preuve de moins de fainéantise et que je variais davantage mes sources, me direz-vous. 

Plus inquiétant, par contre, est l'impact que cette transformation de l'algorithme de Facebook a(ura) sur le monde des médias et du journalisme. Déjà principalement dépendants des revenus publicitaires, les sites d'informations ont dorénavant également besoin d'exister sur Facebook, de générer le débat, de frapper fort afin d'être non seulement aimé, mais surtout, consécration suprême sur le réseau social, d'être partagé. 

Cela ne pose pas spécialement de problème apparent pour des géants de l'information tels que le Huffington Post, le Guardian ou le New York Times, par exemple, respectivement 1er, 6e et 8e des sites les plus partagés sur Facebook en septembre 2014, toutes catégories confondues.  Cela endommage par contre la visibilité de médias plus petits, plus thématiques, voire moins consensuels.

Facebook poursuit des objectifs financiers et boursiers définis. Le site regorge de créativité pour attirer annonceurs et marques les poussant à l'utilisation payante de son site. Car une autre manière de faire remonter une information dans le fil d'actualité, c'est tout simplement en achetant des "likes" ou en payant pour que son "post" soit boosté. 

Facebook devriendait une agence de presse mondiale qui, contrairement aux flux des agences classiques, ne reprendrait pas tous les sujets, mais les sélectionnerait en fonction de leur potentiel d'intérêt (et non d'importance) et de ce que tel ou tel média aura payé pour renforcer cette importance. 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "Kiasmos" de Kiasmos

vendredi 24 octobre 2014

Les 3 faits marquants de la semaine (24/10)

Bonjour à toutes et tous, 

Voici les faits qui m'ont marqué cette semaine : 


Les premières victoires face au virus Ebola l'épidémie serait terminée au Nigéria, c'est-à-dire qu'il n'y a plus eu de nouveau cas pendant 42 jours (soit deux fois la durée maximale d'incubation de 21 jours du virus). 

Côté pile: Cela permet de pousser un soupir de soulagement, de voir une lumière au bout du (très long) tunnel, de se réjouir pour les habitants du Nigéria. 

Côté face: Cela ne reste qu'un petit pas. Pour un pays "sauvé" (pour le moment du moins), combien de nouvelles infections et de décès (alors qu'un nouveau pays en Afrique est touché avec un premier cas au Mali). 

Plus globalement, nous (les humains, mais surtout la "communauté internationale") avons perdu des mois (et des vies) en attendant et regardant de loin ce qui se passait. Les choses changent doucement ces derniers jours (envoi de matériel et de personnel médical de plusieurs Etats, plans nationaux et européens, etc.), mais la manière dont les "Occidentaux" (politiciens, médias et citoyens) ont regardé la Sierra Leone, la Guinée et le Liberia ces derniers mois est honteuse et scandaleuse. A ce jour, il y a déjà eu, rien qu'en Afrique de l'Ouest, plus de 4.800 décès et plus de 10.000 infections officiellement répertoriées (donc sûrement davantage). 

Les premières tentatives du journalisme à 360 degrés : le quotidien américain Des Moines Register a réalisé un reportage (sur la crise de l'Amérique rurale) permettant d'être v(éc)u pleinement en utilisant les lunettes Oculus Rift (développées initialement pour les jeux vidéos). C'est-à-dire, un support visuel qui donne l'impression à l'utilisateur d'avoir une vision à 360 degrés de l'environnement filmé et de pouvoir interagir avec ce dernier pour accéder à différents contenus. 

Côté pile: Cela donne de nouvelles perspectives au reportage et au journalisme, cela permet d'atteindre de nouveaux publics (les jeunes principalement). 

Côté face: Vu le coût de ces lunettes (on annonce un prix allant de 300 à 500 euros, l'Oculus Rift étant, pour l'instant, disponible qu'en version "kit développeur" et devrait être commercialisé d'ici la fin de l'année), cela limite quelque peu l'accès à ce type de reportage. Cela renforce également l'individualisation de la consommation des médias. 

La réinsertion des citoyens radicalisés au Danemark : la seconde ville du pays, Aarhus, a mis sur pied un programme de réintégration des djihadistes danois revenus de Syrie et d'Irak.  Une fois de retour dans leur ville, ces personnes sont mises en contact avec la police et les services sociaux, qui les rencontrent, discutent avec elles, partagent des moments de vie quotidienne (café, cinéma, etc.), les aident à trouver une formation ou un emploi, etc. La ville de Copenhague devrait bientôt appliquer ce projet à son tour. 

Côté pile: Cela montre un souci de rédemption, d'indulgence, de seconde chance, de (re)création de liens, de ne pas stigmatiser ces personnes, de ne pas les abandonner. Un souci d'harmoniser la société. 

Côté face: Le projet n'est que pour les personnes de citoyenneté danoise, les autres sont renvoyées dans leur pays. Il y a un genre de "deux poids deux mesures" qui laisse sous-entendre qu'on ne s'occupe que des nationaux, les autres, tant pis. De plus, ce projet fonctionne sur base bénévole, c'est-à-dire que si la personne revenue de Syrie ou d'Irak ne veut pas en faire partie, rien ne l'y oblige. 

Bon week-end. 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "Give my love to London" de Marianne Faithfull

jeudi 23 octobre 2014

Le ciel, les avions et le MR

[Billet mis à jour vendredi 24 octobre]

Bruxellois(es) d'Auderghem, de Watermael-Boistfort, des deux Woluwés, d'Etterbeek, de Schaerbeek, d'Ixelles, de Saint-Josse, de Molenbeek, de Forest, d'Anderlecht, de Saint-Gilles, d'Uccle, de Laeken et de Bruxelles-Ville (bref toute la Région moins 4 communes), vos oreilles et vos nerfs pourraient se trouver à quelques jours de la délivrance. 

Pourraient ? Oui, car même si c'est à partir du samedi 1er novembre que le gouvernement bruxellois est en droit d'exiger le paiement d'une astreinte de 50.000 euros par jour (selon la décision du tribunal de première instance de Bruxelles du 31 juillet 2014, page 36), la situation ne va pas changer pour autant. 

Un moratoire et une attente de 30 semaines 

Le gouvernement fédéral a annoncé ce jeudi 23 octobre qu'il actait le moratoire sur le Plan Wathelet. C'est-à-dire qu'en gros, on revient à la situation précédant le 6 février dernier, date à laquelle plus de 500.000 bruxellois ont pu apprécier ce que les habitants de Woluwé-Saint-Lambert, Wezembeek et Crainhem entre autres subissaient jusque là. Fini donc les routes du Canal et du virage à gauche? 

Oui et non. Car pour revenir à la situation antérieure, il faut apparemment environ 30 semaines pour que les anciennes routes puissent être (ré)utilisées. L'ancien gouvernement fédéral et le nouveau étaient au courant de la décision du tribunal de première instance (qui donnait donc 3 mois pour cesser l'utilisation des routes, après quoi venait l'astreinte). 3 mois = 12 semaines. 12 semaines de perdues. Car les 30 semaines qui sont nécessaires à Belgocontrol pour réactiver les anciennes routes ne commenceront que dans les jours qui viennent. Rendez-vous donc dans minimum 7 mois et demi, aux alentours de mai-juin 2015 pour, espérons-le, apprécier un été (?) sans nuisances. [Mise à jour du 24/10 : Belgocontrol aurait déjà entrepris des changements de routes et annonce que l'arrêt du virage à gauche et de la route du Canal se fera d'ici au 2 avril.]

Après le CDH (qui passe de l'autre côté, avec une ministre bruxelloise qui se fera un plaisir d'activer les astreintes), c'est au tour du MR de se retrouver pleinement au coeur de cette affaire (dont personne ne veut). Jacqueline Galant, ministre MR de la Mobilité, doit donc s'occuper de faire appliquer ce moratoire au plus vite et donc de presser (quelque peu) Belgocontrol. Au niveau communal, les bourgmestres d'Etterbeek, Uccle et Molenbeek, tous MR, se voient d'un côté poussés par leur habitants de mettre fin à la situation actuelle et, de l'autre, de calmer le jeu vis-à-vis de la ministre Galant (solidarité partisane oblige). Sans parler du maïeur de Wezembeek, également MR, qui doit sûrement attendre le retour des avions au-dessus de ses administrés avec impatience. 

Une coquette somme pour la Région

Reprenons : arrêt des routes du Canal et du virage à gauche dans environ 30 semaines. Soit environ 210 jours. 50.000 par jour de retard de cessation de ces routes à partir du 1er novembre. Donc environ 10.500.000 euros si cette astreinte étaient payée tout au long du non-respect de l'ordonnance du tribunal. C'est le gouvernement fédéral qui paiera(it) cette astreinte

Paierait ? Oui parce qu'il s'agit ici (également) d'un genre de schizophrénie institutionnelle. Une autorité publique régionale prélève(rait) une amende à une instance publique d'un autre niveau. Cette amende viendrait des fonds du fédéral, c'est-à-dire des impôts, donc de tous les Belges. Et la somme de cette amende serait versée sur les comptes de la Région bruxelloise, fonds dont ne bénéficient "que" les Bruxellois. Cela doit certainement réjouir le citoyen d'Houffalize ou de Waregem qui va donc payer indirectement. Des voix, notamment au MR (tiens tiens) se lèvent pour dénoncer ce non-sens. 

10.500.000 euros donc. Question ouverte : que pourrait faire le gouvernement bruxellois de cette nouvelle "manne" financière? 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "What Am I Going to Do with Everything I Know" de The Weather Station et l'album "Human Voice" de Dntel

mercredi 22 octobre 2014

Coup de gueule : Reyers et l'immobilisme

Mardi. Début d'après-midi. En voiture de chez moi (Schaerbeek), direction le parc de Woluwé pour promener mon chien. Je sors du rond-point Meiser et, oh joie, me retrouve très vite à l'arrêt. Normal, il y a d'autres conducteurs sur la route à Bruxelles. Normal, le viaduc Reyers est fermé. Moins normal, cet arrêt va durer longtemps. En tout et pour tout, il nous aura fallu, à mon chien et moi, plus de trente minutes pour passer la station Diamant. Soit, une distance de moins de 700 mètres, pour lesquels GoogleMaps indique (en rouge, signe de ralentissements) un temps de parcours de 5 minutes

Trente minutes pour moins d'un kilomètre, un mardi en début d'après-midi! 

Bon, j'entends déjà certains (me) dire: "mais enfin, en 2014 tu prends encore la voiture pour te déplacer dans Bruxelles?". Oui, j'aurais pu prendre les transports en commun, le vélo (quoique, moins pratique avec le chien) ou utiliser mes gambettes. 

J'aurais également pu prendre un autre itinéraire. Là n'est pas la question. 


Le problème est que rien n'a l'air d'être pensé, réfléchi. Que tout se passe comme si la situation était ignorée. Comme si le temps s'était arrêté (du moins pendant les trente minutes dans les bouchon) durant les travaux. A cela, s'ajoute également que ce (très petit) tronçon est devenu également périlleux pour les deux roues vu la place que prennent les voitures, les changements de bande incessants "pour aller plus vite" et l'énervement des conducteurs. On observe les mêmes temps d'attente et les mêmes frustrations dans l'autre sens (Montgomery-Meiser). La Région, les communes, qu'importe, n'ont apparemment aucun souci de déviation du trafic. Car, pour les chiffres, on parle ici d'une voie qu'empruntaient quelque 33.000 véhicules par jour

Le viaduc Reyers menace de s'effondrer. Il faut soit le renforcer soit le démolir. C'est cette deuxième option qui verra le jour. Dont acte. La fin complète des travaux est estimée à 2018 (fin de la démolition : novembre 2015). Sans présager le pire, vu la durée bruxelloise des travaux de, au hasard, la place Flagey (près de 10 ans), du RER (sans cesse retardé), du Palais de Justice (ehm), et vu les dernières révélations dans la presse, on est en droit de douter du respect du "calendrier prévisionnel". 

Un plan de circulation, mis sur pied par Bruxelles Mobilité, en concertation avec les services de police et les communes concernées, sera mis en place, nous dit-on. Une seule question: quand ? 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "Trick" de Kele

mardi 21 octobre 2014

S'occuper des problèmes de ce siècle

Il y a des thèmes qui ont une dimension globale, qui traversent les époques, les siècles, les sociétés. La manière d'aborder ces thèmes, elle, change en fonction des temps, en fonction des exemples dans l'actualité, en fonction des rapports de force, de l'évolution des moeurs. 

Rien n'est jamais acquis. Tout peut changer, tout peut être rediscuté. La confection d'une loi (re)pénalisant l'avortement en Espagne (récemment annulée) ou la prolongation de l'âge de la retraite à 67 ans en Belgique montrent que tant sur les valeurs que sur les choix de société, la direction prise par un pays varie selon les personnes et groupes qui ont accès aux leviers du pouvoir. 

Régulièrement (et récemment), des propos racistes ou remettant en cause la participation de certaines personnes lors d'événements du passé, refont leur apparition, mettant les démocraties à l'épreuve. 

Le président du premier parti belge veut s'occuper des problèmes de ce siècle. Très bien. J'imagine qu'il en va de même pour la plupart des citoyens de ce pays. Un des enjeux principaux de ce siècle, à mon avis, est d'arriver à vivre, travailler, étudier, s'adonner à des activités sportives et culturelles, viellir, etc., en harmonie avec le reste de la société. Certains appellent cela le "vivre ensemble". Afin d'y parvenir, il faut s'efforcer d'arrêter de stigmatriser certains groupes, de discriminer certains franges de la société, de pointer du doigts certaines coutumes, de rendre responsables certaines catégories de personnes. Il faut cesser de catégoriser, de placer les gens dans des compartiments, d'agiter l'épouvantail d'une perte de valeurs face à une "invasion" de nouvelles personnes sur un territoire, de faire perdurer une société dichotomique divisée en "eux" et "nous", etc. 

Les propos tenus (au cours de ce siècle) par un membre du premier parti belge et membre du gouvernement fédéral belge (premièrement au sujet d'une valeur ajoutée de certaines diasporas, ensuite ciblant certaines personnes en faisant référence à leur origine et à la qualification de certains de leurs actes), au delà d'être condamnables, ne participent en rien à harmoniser les habitants de Belgique, à pacifier les tensions issues de discriminations passées. Au contraire, s'ils ne sont pas suivis de réactions fortes, ces propos banalisent les déclarations racistes et injurient leurs victimes. 

Dénoncer ces propos, les traquer, cela fait partie des enjeux de ce siècle. Tout comme cela faisait partie des siècles passés. A ceci près, qu'aujourd'hui, vu justement les siècles passés, nous pouvons tirer un enseignement qui devrait mettre en alerte tout démocrate contre toute percée de propos à connotation raciste et stigmatisante. A ce titre, la carte blanche du président du parti socialiste flamand ne manque pas d'intérêt. 

Les citoyens belges sont en droit d'attendre ce genre de comportements (dénonciations de propos calomnieux, prise de distance avec ceux qui les profèrent) de la part des partis qui les représentent, et d'autant plus de la part de la formation la plus importante en Belgique. Cela va de la responsabilité des dirigeants politiques ainsi que de leur légitimité. 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "Heartleap" de Vashti Bunyan.