mardi 21 octobre 2014

S'occuper des problèmes de ce siècle

Il y a des thèmes qui ont une dimension globale, qui traversent les époques, les siècles, les sociétés. La manière d'aborder ces thèmes, elle, change en fonction des temps, en fonction des exemples dans l'actualité, en fonction des rapports de force, de l'évolution des moeurs. 

Rien n'est jamais acquis. Tout peut changer, tout peut être rediscuté. La confection d'une loi (re)pénalisant l'avortement en Espagne (récemment annulée) ou la prolongation de l'âge de la retraite à 67 ans en Belgique montrent que tant sur les valeurs que sur les choix de société, la direction prise par un pays varie selon les personnes et groupes qui ont accès aux leviers du pouvoir. 

Régulièrement (et récemment), des propos racistes ou remettant en cause la participation de certaines personnes lors d'événements du passé, refont leur apparition, mettant les démocraties à l'épreuve. 

Le président du premier parti belge veut s'occuper des problèmes de ce siècle. Très bien. J'imagine qu'il en va de même pour la plupart des citoyens de ce pays. Un des enjeux principaux de ce siècle, à mon avis, est d'arriver à vivre, travailler, étudier, s'adonner à des activités sportives et culturelles, viellir, etc., en harmonie avec le reste de la société. Certains appellent cela le "vivre ensemble". Afin d'y parvenir, il faut s'efforcer d'arrêter de stigmatriser certains groupes, de discriminer certains franges de la société, de pointer du doigts certaines coutumes, de rendre responsables certaines catégories de personnes. Il faut cesser de catégoriser, de placer les gens dans des compartiments, d'agiter l'épouvantail d'une perte de valeurs face à une "invasion" de nouvelles personnes sur un territoire, de faire perdurer une société dichotomique divisée en "eux" et "nous", etc. 

Les propos tenus (au cours de ce siècle) par un membre du premier parti belge et membre du gouvernement fédéral belge (premièrement au sujet d'une valeur ajoutée de certaines diasporas, ensuite ciblant certaines personnes en faisant référence à leur origine et à la qualification de certains de leurs actes), au delà d'être condamnables, ne participent en rien à harmoniser les habitants de Belgique, à pacifier les tensions issues de discriminations passées. Au contraire, s'ils ne sont pas suivis de réactions fortes, ces propos banalisent les déclarations racistes et injurient leurs victimes. 

Dénoncer ces propos, les traquer, cela fait partie des enjeux de ce siècle. Tout comme cela faisait partie des siècles passés. A ceci près, qu'aujourd'hui, vu justement les siècles passés, nous pouvons tirer un enseignement qui devrait mettre en alerte tout démocrate contre toute percée de propos à connotation raciste et stigmatisante. A ce titre, la carte blanche du président du parti socialiste flamand ne manque pas d'intérêt. 

Les citoyens belges sont en droit d'attendre ce genre de comportements (dénonciations de propos calomnieux, prise de distance avec ceux qui les profèrent) de la part des partis qui les représentent, et d'autant plus de la part de la formation la plus importante en Belgique. Cela va de la responsabilité des dirigeants politiques ainsi que de leur légitimité. 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "Heartleap" de Vashti Bunyan. 

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