vendredi 31 octobre 2014

Facebook, nouvelle agence de presse mondiale

Je dois bien l'avouer, je ne suis plus allé sur la page d'accueil d'un site d'information depuis plusieurs mois. Mis à part la lecture régulière d'un quotidien et d'un newsmagazine tous deux au format papier, mes principales sources d'information sont les médias sociaux, singulièrement Facebook et Twitter. C'est d'ailleurs sur le premier de ceux-ci que j'ai été interpellé par un article repris par Courrier International sur l'importance que le site de Mark Zuckerberg a pris dans le secteur de l'information au niveau mondial. 

Le flux d'actualité de Facebook (qui regrouperait plus de 1,3 milliards d'utilisateurs actifs) fonctionne selon un algorithme bien défini. Contrairement à d'autres générateurs de contenus, les "news" qui s'affichent ne dépendent pas que d'un critère chronologique (comme Twitter par exemple) ou de centre d'intérêt (Feedly, Pulse), mais également en fonction de ce que j'ai lu (ou simplement cliqué) précédemment, de ce que mes "amis" ont également vu et apprécié et du "buzz" que génère tel ou tel lien. 

Je tombe donc de plus en plus sur des informations qui sont définies non pas par des critères d'informations classiques, mais bien par des modes d'utilisation, de consommation. Plus un lien est cliqué, aimé, commenté, partagé, plus j'aurai l'occasion de le voir apparaître dans mon fil d'actualité. 

D'un côté, cela me permet d'être "à la page", d'être au courant en un coup d'oeil (ou presque) des faits d'actualité principaux du moment. Ou en tout cas de ceux qui rencontrent une attention certaine tant de la part des médias qui publient le lien (toutes les articles d'un site d'information ne sont pas reprises sur Facebook) que des utilisateurs. 

D'un autre côté, j'ai de moins en moins l'occasion de tomber sur un article "différent", comme lorsque l'on feuillette un journal ou magazine, ou lorsqu'on va sur la page principale d'un newsmedia en ligne. Et plus j'utilise Facebook comme source d'information, moins ce dernier agit comme un réseau social, car moins je vois ce que mes "amis" postent sur leur profil. 

Mais bon, ceci pourrait être facilement changé si je faisais preuve de moins de fainéantise et que je variais davantage mes sources, me direz-vous. 

Plus inquiétant, par contre, est l'impact que cette transformation de l'algorithme de Facebook a(ura) sur le monde des médias et du journalisme. Déjà principalement dépendants des revenus publicitaires, les sites d'informations ont dorénavant également besoin d'exister sur Facebook, de générer le débat, de frapper fort afin d'être non seulement aimé, mais surtout, consécration suprême sur le réseau social, d'être partagé. 

Cela ne pose pas spécialement de problème apparent pour des géants de l'information tels que le Huffington Post, le Guardian ou le New York Times, par exemple, respectivement 1er, 6e et 8e des sites les plus partagés sur Facebook en septembre 2014, toutes catégories confondues.  Cela endommage par contre la visibilité de médias plus petits, plus thématiques, voire moins consensuels.

Facebook poursuit des objectifs financiers et boursiers définis. Le site regorge de créativité pour attirer annonceurs et marques les poussant à l'utilisation payante de son site. Car une autre manière de faire remonter une information dans le fil d'actualité, c'est tout simplement en achetant des "likes" ou en payant pour que son "post" soit boosté. 

Facebook devriendait une agence de presse mondiale qui, contrairement aux flux des agences classiques, ne reprendrait pas tous les sujets, mais les sélectionnerait en fonction de leur potentiel d'intérêt (et non d'importance) et de ce que tel ou tel média aura payé pour renforcer cette importance. 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "Kiasmos" de Kiasmos

vendredi 24 octobre 2014

Les 3 faits marquants de la semaine (24/10)

Bonjour à toutes et tous, 

Voici les faits qui m'ont marqué cette semaine : 


Les premières victoires face au virus Ebola l'épidémie serait terminée au Nigéria, c'est-à-dire qu'il n'y a plus eu de nouveau cas pendant 42 jours (soit deux fois la durée maximale d'incubation de 21 jours du virus). 

Côté pile: Cela permet de pousser un soupir de soulagement, de voir une lumière au bout du (très long) tunnel, de se réjouir pour les habitants du Nigéria. 

Côté face: Cela ne reste qu'un petit pas. Pour un pays "sauvé" (pour le moment du moins), combien de nouvelles infections et de décès (alors qu'un nouveau pays en Afrique est touché avec un premier cas au Mali). 

Plus globalement, nous (les humains, mais surtout la "communauté internationale") avons perdu des mois (et des vies) en attendant et regardant de loin ce qui se passait. Les choses changent doucement ces derniers jours (envoi de matériel et de personnel médical de plusieurs Etats, plans nationaux et européens, etc.), mais la manière dont les "Occidentaux" (politiciens, médias et citoyens) ont regardé la Sierra Leone, la Guinée et le Liberia ces derniers mois est honteuse et scandaleuse. A ce jour, il y a déjà eu, rien qu'en Afrique de l'Ouest, plus de 4.800 décès et plus de 10.000 infections officiellement répertoriées (donc sûrement davantage). 

Les premières tentatives du journalisme à 360 degrés : le quotidien américain Des Moines Register a réalisé un reportage (sur la crise de l'Amérique rurale) permettant d'être v(éc)u pleinement en utilisant les lunettes Oculus Rift (développées initialement pour les jeux vidéos). C'est-à-dire, un support visuel qui donne l'impression à l'utilisateur d'avoir une vision à 360 degrés de l'environnement filmé et de pouvoir interagir avec ce dernier pour accéder à différents contenus. 

Côté pile: Cela donne de nouvelles perspectives au reportage et au journalisme, cela permet d'atteindre de nouveaux publics (les jeunes principalement). 

Côté face: Vu le coût de ces lunettes (on annonce un prix allant de 300 à 500 euros, l'Oculus Rift étant, pour l'instant, disponible qu'en version "kit développeur" et devrait être commercialisé d'ici la fin de l'année), cela limite quelque peu l'accès à ce type de reportage. Cela renforce également l'individualisation de la consommation des médias. 

La réinsertion des citoyens radicalisés au Danemark : la seconde ville du pays, Aarhus, a mis sur pied un programme de réintégration des djihadistes danois revenus de Syrie et d'Irak.  Une fois de retour dans leur ville, ces personnes sont mises en contact avec la police et les services sociaux, qui les rencontrent, discutent avec elles, partagent des moments de vie quotidienne (café, cinéma, etc.), les aident à trouver une formation ou un emploi, etc. La ville de Copenhague devrait bientôt appliquer ce projet à son tour. 

Côté pile: Cela montre un souci de rédemption, d'indulgence, de seconde chance, de (re)création de liens, de ne pas stigmatiser ces personnes, de ne pas les abandonner. Un souci d'harmoniser la société. 

Côté face: Le projet n'est que pour les personnes de citoyenneté danoise, les autres sont renvoyées dans leur pays. Il y a un genre de "deux poids deux mesures" qui laisse sous-entendre qu'on ne s'occupe que des nationaux, les autres, tant pis. De plus, ce projet fonctionne sur base bénévole, c'est-à-dire que si la personne revenue de Syrie ou d'Irak ne veut pas en faire partie, rien ne l'y oblige. 

Bon week-end. 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "Give my love to London" de Marianne Faithfull

jeudi 23 octobre 2014

Le ciel, les avions et le MR

[Billet mis à jour vendredi 24 octobre]

Bruxellois(es) d'Auderghem, de Watermael-Boistfort, des deux Woluwés, d'Etterbeek, de Schaerbeek, d'Ixelles, de Saint-Josse, de Molenbeek, de Forest, d'Anderlecht, de Saint-Gilles, d'Uccle, de Laeken et de Bruxelles-Ville (bref toute la Région moins 4 communes), vos oreilles et vos nerfs pourraient se trouver à quelques jours de la délivrance. 

Pourraient ? Oui, car même si c'est à partir du samedi 1er novembre que le gouvernement bruxellois est en droit d'exiger le paiement d'une astreinte de 50.000 euros par jour (selon la décision du tribunal de première instance de Bruxelles du 31 juillet 2014, page 36), la situation ne va pas changer pour autant. 

Un moratoire et une attente de 30 semaines 

Le gouvernement fédéral a annoncé ce jeudi 23 octobre qu'il actait le moratoire sur le Plan Wathelet. C'est-à-dire qu'en gros, on revient à la situation précédant le 6 février dernier, date à laquelle plus de 500.000 bruxellois ont pu apprécier ce que les habitants de Woluwé-Saint-Lambert, Wezembeek et Crainhem entre autres subissaient jusque là. Fini donc les routes du Canal et du virage à gauche? 

Oui et non. Car pour revenir à la situation antérieure, il faut apparemment environ 30 semaines pour que les anciennes routes puissent être (ré)utilisées. L'ancien gouvernement fédéral et le nouveau étaient au courant de la décision du tribunal de première instance (qui donnait donc 3 mois pour cesser l'utilisation des routes, après quoi venait l'astreinte). 3 mois = 12 semaines. 12 semaines de perdues. Car les 30 semaines qui sont nécessaires à Belgocontrol pour réactiver les anciennes routes ne commenceront que dans les jours qui viennent. Rendez-vous donc dans minimum 7 mois et demi, aux alentours de mai-juin 2015 pour, espérons-le, apprécier un été (?) sans nuisances. [Mise à jour du 24/10 : Belgocontrol aurait déjà entrepris des changements de routes et annonce que l'arrêt du virage à gauche et de la route du Canal se fera d'ici au 2 avril.]

Après le CDH (qui passe de l'autre côté, avec une ministre bruxelloise qui se fera un plaisir d'activer les astreintes), c'est au tour du MR de se retrouver pleinement au coeur de cette affaire (dont personne ne veut). Jacqueline Galant, ministre MR de la Mobilité, doit donc s'occuper de faire appliquer ce moratoire au plus vite et donc de presser (quelque peu) Belgocontrol. Au niveau communal, les bourgmestres d'Etterbeek, Uccle et Molenbeek, tous MR, se voient d'un côté poussés par leur habitants de mettre fin à la situation actuelle et, de l'autre, de calmer le jeu vis-à-vis de la ministre Galant (solidarité partisane oblige). Sans parler du maïeur de Wezembeek, également MR, qui doit sûrement attendre le retour des avions au-dessus de ses administrés avec impatience. 

Une coquette somme pour la Région

Reprenons : arrêt des routes du Canal et du virage à gauche dans environ 30 semaines. Soit environ 210 jours. 50.000 par jour de retard de cessation de ces routes à partir du 1er novembre. Donc environ 10.500.000 euros si cette astreinte étaient payée tout au long du non-respect de l'ordonnance du tribunal. C'est le gouvernement fédéral qui paiera(it) cette astreinte

Paierait ? Oui parce qu'il s'agit ici (également) d'un genre de schizophrénie institutionnelle. Une autorité publique régionale prélève(rait) une amende à une instance publique d'un autre niveau. Cette amende viendrait des fonds du fédéral, c'est-à-dire des impôts, donc de tous les Belges. Et la somme de cette amende serait versée sur les comptes de la Région bruxelloise, fonds dont ne bénéficient "que" les Bruxellois. Cela doit certainement réjouir le citoyen d'Houffalize ou de Waregem qui va donc payer indirectement. Des voix, notamment au MR (tiens tiens) se lèvent pour dénoncer ce non-sens. 

10.500.000 euros donc. Question ouverte : que pourrait faire le gouvernement bruxellois de cette nouvelle "manne" financière? 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "What Am I Going to Do with Everything I Know" de The Weather Station et l'album "Human Voice" de Dntel

mercredi 22 octobre 2014

Coup de gueule : Reyers et l'immobilisme

Mardi. Début d'après-midi. En voiture de chez moi (Schaerbeek), direction le parc de Woluwé pour promener mon chien. Je sors du rond-point Meiser et, oh joie, me retrouve très vite à l'arrêt. Normal, il y a d'autres conducteurs sur la route à Bruxelles. Normal, le viaduc Reyers est fermé. Moins normal, cet arrêt va durer longtemps. En tout et pour tout, il nous aura fallu, à mon chien et moi, plus de trente minutes pour passer la station Diamant. Soit, une distance de moins de 700 mètres, pour lesquels GoogleMaps indique (en rouge, signe de ralentissements) un temps de parcours de 5 minutes

Trente minutes pour moins d'un kilomètre, un mardi en début d'après-midi! 

Bon, j'entends déjà certains (me) dire: "mais enfin, en 2014 tu prends encore la voiture pour te déplacer dans Bruxelles?". Oui, j'aurais pu prendre les transports en commun, le vélo (quoique, moins pratique avec le chien) ou utiliser mes gambettes. 

J'aurais également pu prendre un autre itinéraire. Là n'est pas la question. 


Le problème est que rien n'a l'air d'être pensé, réfléchi. Que tout se passe comme si la situation était ignorée. Comme si le temps s'était arrêté (du moins pendant les trente minutes dans les bouchon) durant les travaux. A cela, s'ajoute également que ce (très petit) tronçon est devenu également périlleux pour les deux roues vu la place que prennent les voitures, les changements de bande incessants "pour aller plus vite" et l'énervement des conducteurs. On observe les mêmes temps d'attente et les mêmes frustrations dans l'autre sens (Montgomery-Meiser). La Région, les communes, qu'importe, n'ont apparemment aucun souci de déviation du trafic. Car, pour les chiffres, on parle ici d'une voie qu'empruntaient quelque 33.000 véhicules par jour

Le viaduc Reyers menace de s'effondrer. Il faut soit le renforcer soit le démolir. C'est cette deuxième option qui verra le jour. Dont acte. La fin complète des travaux est estimée à 2018 (fin de la démolition : novembre 2015). Sans présager le pire, vu la durée bruxelloise des travaux de, au hasard, la place Flagey (près de 10 ans), du RER (sans cesse retardé), du Palais de Justice (ehm), et vu les dernières révélations dans la presse, on est en droit de douter du respect du "calendrier prévisionnel". 

Un plan de circulation, mis sur pied par Bruxelles Mobilité, en concertation avec les services de police et les communes concernées, sera mis en place, nous dit-on. Une seule question: quand ? 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "Trick" de Kele

mardi 21 octobre 2014

S'occuper des problèmes de ce siècle

Il y a des thèmes qui ont une dimension globale, qui traversent les époques, les siècles, les sociétés. La manière d'aborder ces thèmes, elle, change en fonction des temps, en fonction des exemples dans l'actualité, en fonction des rapports de force, de l'évolution des moeurs. 

Rien n'est jamais acquis. Tout peut changer, tout peut être rediscuté. La confection d'une loi (re)pénalisant l'avortement en Espagne (récemment annulée) ou la prolongation de l'âge de la retraite à 67 ans en Belgique montrent que tant sur les valeurs que sur les choix de société, la direction prise par un pays varie selon les personnes et groupes qui ont accès aux leviers du pouvoir. 

Régulièrement (et récemment), des propos racistes ou remettant en cause la participation de certaines personnes lors d'événements du passé, refont leur apparition, mettant les démocraties à l'épreuve. 

Le président du premier parti belge veut s'occuper des problèmes de ce siècle. Très bien. J'imagine qu'il en va de même pour la plupart des citoyens de ce pays. Un des enjeux principaux de ce siècle, à mon avis, est d'arriver à vivre, travailler, étudier, s'adonner à des activités sportives et culturelles, viellir, etc., en harmonie avec le reste de la société. Certains appellent cela le "vivre ensemble". Afin d'y parvenir, il faut s'efforcer d'arrêter de stigmatriser certains groupes, de discriminer certains franges de la société, de pointer du doigts certaines coutumes, de rendre responsables certaines catégories de personnes. Il faut cesser de catégoriser, de placer les gens dans des compartiments, d'agiter l'épouvantail d'une perte de valeurs face à une "invasion" de nouvelles personnes sur un territoire, de faire perdurer une société dichotomique divisée en "eux" et "nous", etc. 

Les propos tenus (au cours de ce siècle) par un membre du premier parti belge et membre du gouvernement fédéral belge (premièrement au sujet d'une valeur ajoutée de certaines diasporas, ensuite ciblant certaines personnes en faisant référence à leur origine et à la qualification de certains de leurs actes), au delà d'être condamnables, ne participent en rien à harmoniser les habitants de Belgique, à pacifier les tensions issues de discriminations passées. Au contraire, s'ils ne sont pas suivis de réactions fortes, ces propos banalisent les déclarations racistes et injurient leurs victimes. 

Dénoncer ces propos, les traquer, cela fait partie des enjeux de ce siècle. Tout comme cela faisait partie des siècles passés. A ceci près, qu'aujourd'hui, vu justement les siècles passés, nous pouvons tirer un enseignement qui devrait mettre en alerte tout démocrate contre toute percée de propos à connotation raciste et stigmatisante. A ce titre, la carte blanche du président du parti socialiste flamand ne manque pas d'intérêt. 

Les citoyens belges sont en droit d'attendre ce genre de comportements (dénonciations de propos calomnieux, prise de distance avec ceux qui les profèrent) de la part des partis qui les représentent, et d'autant plus de la part de la formation la plus importante en Belgique. Cela va de la responsabilité des dirigeants politiques ainsi que de leur légitimité. 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "Heartleap" de Vashti Bunyan. 

vendredi 17 octobre 2014

Les trois faits marquants de la semaine

Chère(s) lectrice(s), cher(s) lecteur(s), 

Je vous souhaite la bienvenue sur mon blog et vous remercie de le lire. 

Pour tout vous dire, je ne sais pas combien de temps j'alimenterai ce blog. Le plus longtemps j'espère, bien que je me doute déjà que la fréquence de rédaction de billets sera plus qu'aléatoire. 

Ce que je sais, par contre, c'est que j'ai décidé de coucher sur papier (numérique) mes opinions sur des faits et sujets divers, et de rendre le tout public. Non pas que je me sois épris d'un narcissisme soudain (quoique), non. Je voudrais au contraire faire part de certaines choses qui se passent dans mon cerveau et, espérons-le, susciter le débat. N'hésitez donc pas à laisser des commentaires en bas de chaque billet, sur les réseaux sociaux ou à m'envoyer un courriel. 

Innovons (ou faisons semblant du moins) 

En plus des billets thématiques, je vais également essayer d'établir de manière hebdomadaire une liste des sujets qui m'ont marqué (ou qui ont marqué l'humanité, c'est à voir). Leur nombre variera en fonction de l'actualité (et de mon temps). La non-présence d'un sujet dans cette liste ne veut bien entendu par dire que je n'y prête pas d'importance. 

Cette semaine, j'ai retenu les trois faits marquants suivants: 


Côté pile: Les révélations de ce qui est devenu le jambongate et le franckengate, ainsi que les premiers jours de déclaration gouvernementale au Parlement rassurent quelque peu sur la santé de la démocratie. De un, l'opposition est (très) active et joue son rôle à 100% en démontrant qu'éxécutif et législatif sont bel et bien distincts. De deux, le quatrième pouvoir s'en donne à coeur joie sur la chose politique à coups de recherches et d'investigations

Côté face: Ces (trop) belles occasions ont permis à l'opposition de "kidnapper" la majorité des débats dans la presse en jetant le discrédit sur le passé et les activités de certains membres du gouvernement, sans toucher aux débats de fond. C'est bien, c'est le rôle de l'opposition (même si ici on a également eu affaire à un très bel exercice de communication politique), mais gare à deux choses: que le PS (vu son nombre et ses personnalités) ne soit pas le seul représentant de toute l'opposition (pour rappel, il y a également le cdH, ECOLO, le sp.a, Groen, le FDF, le PTB-PVDA, le VB et le seul parti qui s'est abstenu lors du vote de confiance, le PP, soit 8 partis en plus du PS), et; que la plupart des débats et confrontations qui font du bruit (dans les médias) ne soient pas (seulement) portés sur les valeurs, mais également sur les réformes et projets de société. 

L'utilisation de plus en plus présente des drones civils (donc au-delà du seul usage à des fins militaires). 

Côté pile: Le progrès technoloqique est suivi par les citoyens "lambda" en employant des drones dans des situations de tous les jours (parfois à des fins provocatrices, comme cette semaine en Serbie lors d'un match de football). Cela permet d'éveiller la créativité, de repousser les limites de l'imagination, de faire avancer les modes de distribution et l'éducation, notamment. 

Côté face: Cela pose des questions de plusieurs ordres, concernant notamment la vie privée (un drone volant à plus de 2.000 mètres d'altitude serait capable de lire les titres d'un journal) , le contrôle des personnes et le "trafic aérien". 

La dissolution du groupe europhobe au Parlement européen, suite au départ de l'eurodéputée lettone Iveta Grigule

Côté pile: Cela affaiblit les partis europhobes (souvent également xénophobes et rétrogrades) car ils se voient privés du financement accordé aux groupes politiques, de temps de parole lors des sessions parlementaires et de postes de vice-président (tout ça alors qu'on attend le vote d'investiture de la nouvelle Commission pour la semaine prochaine, prévu pour mercredi)

Côté face: La défection de l'eurodéputée lettone ferait suite à un accord avec les deux grands groupes politiques (PPE et S&D). On peut s'attendre à d'autres marchandages dans les heures, jours et semaines qui viennent qui pourraient aboutir à l'adhésion à Marine Le Pen de quelques eurodéputés manquants pour composer un groupe (encore plus) europhobe que le défunt EFDD. 

Bon week-end! 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "You're Dead" de Flying Lotus

jeudi 16 octobre 2014

La communication européenne: entre ambitions et précaution

L'Union européenne (UE) se trouve dans un moment historique, cela a été écrit à maintes reprises ces derniers temps, notamment au vu des résultats des dernières élections européenne de mai 2014 : taux d'abstention de 57,46%, partis eurosceptiques et europhobes (différence entre les deux ici) représentant un peu moins d'un cinquième de l'hémicyle, etc. Les defis auxquels se heurte la communication publique européenne sont relativement les mêmes que ceux qui amoindrissent le projet européen depuis plusieurs années : manque de vision, manque d'inspiration, trop éloignée du citoyen, trop difficile à comprendre, trop bureaucratique (ou du moins trop institutionnelle), manque de confiance (Eurobaromètre de mai 2014). L'UE se doit de résorber cette fracture démocratique et cela passe notamment par la manière dont celle-ci communique vers ses citoyens, de la façon dont elle les informe et leur donne le sentiment d'appartenir à un projet commun.

Au-delà des logo, hymne et devise européens, l'UE et les citoyens qui la composent ont besoin de créer une identité propre, un sentiment d'appartenance, du respect des institutions envers les citoyens et, réciproquement, de la confiance de la part des citoyens dans l'UE. Un sentiment d'unité, de rassemblement des 28 pays dans un but commun, tout en tenant compte des particularismes nationaux, régionaux, locaux.

Expliquer l'Europe prend du temps et n'est pas quelque chose de facile. Cela devrait être fait à tous les niveaux, des Sommets européens aux activités des collectivités locales. 

Une communication inclusive

La communication européenne (dans le sens de communiquer aux citoyens des réformes européennes, de les informer, et non dans le sens propagandiste) ne peut plus etre top-down, ne doit plus s'imposer de Bruxelles ou Strasbourg avec des messages uniques vers la masse globale des citoyens. 

Elle se doit d'être plus compréhensible (donc moins institutionnelle dans ses mots) et doit impliquer les gens, leur parler. En gros, elle doit parler le langage des différentes cibles. Pour cela, elle doit d'abord comprendre celles-ci. 

Elle gagnera également à être davantage transparente, portant des messages clairs et facilement identifiables. A ce titre, parler d'une seule voix cohérente s'impose de plus en plus: plutôt que de multiplier les stratégies de communication et les messages en fonction des institutions desquelles ils émanent, les différents corps de l'Union devraient s'aligner sur des idées et messages communs. 

La communication européenne devrait également utiliser davantage les moyens modernes de communication qui permettent de créer des espaces d'échanges et de débats. Laisser les citoyens s'exprimer, leur donner le sentiment d'être écoutés, accepter les critiques et, surtout, y répondre. 

Enfin (et non des moindres), elle doit être plus locale: l'Europe doit "descendre" auprès du citoyen, non pas pour lui imposer ses idées, mais pour le comprendre. L'UE ne doit pas être une "planque" pour hommes et femmes politiques, mais un travail de longue haleine, un engagement envers la société tout entière, un travail au service des citoyens. 

Une communication participative

Les personnes les plus informées pendant la campagne électorale 2014 étaient ceux des pays où il y avait des concurrents à la Présidence de la Commission (Allemagne, Belgique, Grèce, Luxembourg). L'Europe doit utiliser ses meilleurs ambassadeurs pour "vendre" sa cause et son avenir : ses représentants politiques. Les commissaires et parlementaires européens, mais également les chefs d'Etat et leurs ministres, les représentants regionaux et locaux doivent parler aux citoyens, doivent expliquer la chose européenne, les bénéfices, être prêts à la critique. Ils doivent surtout arrêter de rejeter la faute sur les institutions européennes de manière opportuniste et démagogique (alors que c'est, au final, eux qui sont les acteurs de cette "faute" - via le Conseil, le Parlement et la Commission).

Une partie de la nouvelle Commission a l'air d'être dans cet esprit. Cecilia Malmström (nouvelle Commissaire au Commerce) ou Federica Mogherini (Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères) ont dit dans leur grands oraux devant le Parlement européen qu'elles voudraient aller dans chaque pays et rencontrer la société civile. Car il faut l'accepter, le projet européen n'est pas quelque chose d'acquis : il faut constamment en expliquer les avantages, les contours, les modes de fonctionnement. Les representants politiques doivent se mouiller, expliquer les mécanismes et bénéfices de l'Union européenne. Non pas (seulement) les avantages pour elle-même, mais bien les ceux pour les citoyens, pour chacun d'entre eux. 

L'UE se trouve donc face à un défi démocratique majeur: créer une adhésion à un projet commun, un sentiment d'appartenance. Cela passe sans aucun doute par un (grand) rapprochement avec ses citoyens : les écouter, les comprendre, les soutenir. C'est un travail dantesque. Mais c'est également une opportunité en or de changer les difficultés d'aujourd'hui en actions positives demain. Cela va de la reponsabilité des hommes et femmes politiques européens. Cela implique également que ces derniers arrêtent d'être impatients et de vouloir des résulats tout de suite ainsi que de ne communiquer qu'en période d'élections.

Au cours des différentes sessions et débats organisés les 15 et 16 octobre 2014 lors de EuroPCom (conférence sur la communication publique en Europe), certains des principaux éléments qui sont ressortis étaient de deux ordres: tout d'abord (re)mettre l'humain au centre des stratégies de communication et dans leur mise en oeuvre; ensuite, être créatifs et repousser les limites de l'imagination pour communiquer et informer les citoyens. Puissent ces conclusions être entendues dans les institutions et suivies dans les mois qui viennent. 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant, dans un premier temps, l'album "Way Out Weather" de Steve Gunn, ensuite l'album "Right from Real" de Lydia Ainsworth

mardi 14 octobre 2014

La grosse affaire

La nouvelle équipe gouvernementale belge est-elle si insignifiante, les politiques qu'elle entend mener si ennuyeuses, le fond des dossiers si insipide? 

Car sinon pourquoi s'arrêter pendant plusieurs jours (et écrire des articles et faire des émissions, radios notamment) sur le physique d'une personne en particulier? 

Quelqu'un de moche ne pourrait être responsable d'une firme de produits de beauté? Quelque d'handicapé moteur ne pourrait être en charge des sports?

Avons-nous fait un procès d'intention à Louis Michel (au hasard, il y en a eu d'autres, notamment un ex-premier ministre) lorsqu'il était Ministre des Affaires étrangères ou Commissaire européen au Développement? Car ce genre de postes demande de voyager souvent et, au-delà d'une certaine corpulence, cela peut affecter les allers et venues, les rencontres et, partant, la teneur et réussite des dossiers. 

La nouvelle Ministre de la Santé publique est, comme tout ministre, une gestionnaire de dossiers; une architecte de réfromes. Elle doit être jugée sur ses propositions, ses actes, ses résultats. Pas sur sa tête, son corps, sa coiffure, ses vêtements, etc. 

Étrange est également le fait que ses détracteurs d'aujourd'hui (quelqu'un d'obèse ne peut être en charge de la santé) sont, pour certains, les mêmes qui saluaient son action au Ministère de l'Asile et de l'Immigration. Qui plus est, Mme De Block est médecin, ce qui pourrait être considéré comme une force pour le poste. Mais ce sont  sa carrure et son tour de taille qui occupent les esprits.

 Mais le pire dans tout ça est que Maggie De Block souffre d'une maladie chronique et que de 1.toute cette "histoire" contribue au voyeurisme ambiant symptomatique de nos sociétés et laisse un goût bizarre dans l'analyse de ce qui est proposé aux Belges en terme d'informations et de 2. cela ne doit pas spécialement l'enjouer, la Maggie, que son poids soit balancer sur la place publique, peut-être qu'elle a déjà du mal psychologiquement avec cette maladie et en "débattre" publiquement ne fait que la ramener à une apparence corporelle. 

Enfin, cela occulte complètement le fond des dossiers. Car quid des hôpitaux spécialisés? Quid du remboursement des soins de santé? Quid du statut des médecins? Etc. Etc. 

On jugera Maggie de Block, c'est certain que cela devra être fait, mais sur ses actes, sur les (non-)résultats engrangés, pas sur son tour de taille. 

RF

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Ce billet a été rédigé en écoutant l'album "Commune" de Goat

lundi 13 octobre 2014

Pour en finir avec la suédoise

Voilà donc le nonante-cinquième gouvernement fédéral belge sur les rails. Le premier sans les socialistes depuis 26 ans (depuis le 9 mai 1988 et la prestation de serment du gouvernement Martens VIII). Le premier depuis la sixième réforme de l’Etat. Le premier avec un parti indépendantiste flamand depuis 23 ans (depuis la fin de ce même gouvernement Martens VIII dans lequel était présente la Volksunie).

Et le premier gouvernement qui est affublé d’un surnom de pays, de nationalité, voire de bien plus. 


Modèles scandinaves


Car l’appellation ”suédoise” recouvre beaucoup de nuances différentes, même si dans ce cas ce n’est que pour les couleurs du drapeau que le nouveau gouvernement fédéral belge se voit désigné de la sorte (et accessoirement pour contrer le surnom de « kamikaze »). Comme le notait Marcel Sel, le nouveau pouvoir exécutif aurait tout aussi bien pu s’appeler la « bosnienne”, vu qu’il comporte les mêmes couleurs (bleu et jaune) et un “V”, référence au signe de ralliement (et de prestation de serment) du parti indépendantiste flamand. 


Mais, soyons de bons comptes, la référence au pays scandinave est plus alléchante, surtout pour les partis composant la majorité gouvernementale, tant elle fait appel à des images positives. Dans les dernières décennies, l’imaginaire politique collectif a cité les pays nordiques pour exemplifier des modèles de réussites économiques qui préservent les acquis sociaux. Des pays où il ferait mieux vivre (le Danemark est classé premier du World Happiness Report de l’ONU, la Norvège deuxième et la Suède cinquième), où l’éducation scolaire est plus performante (le système finlandais, par exemple, est souvent cité par les acteurs du monde enseignant), où le taux de croissance et de chômage sont inversement proportionnels (au choix, la Suède), où l’environnement est préservé en ayant recours en masse aux énergies renouvelables (Norvège), etc. etc.. Désigner le nouvel attelage gouvernemental de « suédoise » renvoie donc à une image relativement bonne, de prospérité, de développement, de pays sans problème (apparent – je parle bien d’image ici et non de réalités).

Différentes réalités

Toutefois, force est de constater que le nouveau gouvernement n’a de suédois que les couleurs et cela à plusieurs égards. Au choix, trois exemples


  • Parité hommes-femmes

Le nouveau gouvernement suédois (élu le 14 septembre 2014 et entré en fonction le 3 octobre, soit 26 jours après les élections) comporte un nombre égal d’hommes et de femmes ministres : 12 de chaque, premier ministre compris (et donc non asexué).

Le nouveau gouvernement fédéral belge (élu le 25 mai 2014 et entré en fonction le 11 octobre, soit  139 jours après les élections) est composé de 14 ministres et 4 secrétaires d’Etat. Parmi ceux-ci, il y a 3 ministres femmes et 1 secrétaire d’Etat femme, soit une représentation féminine d’un peu plus de 21% si on ne prend que les ministres, d’un peu plus de 22% si on tient également compte des secrétaires d’Etat.


  • Pas d’indépendantistes en Suède

Le premier parti de la majorité gouvernementale fédérale belge est la N-VA. Ce parti a pour principal cheval de bataille l’indépendance de la Flandre (le fameux premier point dans les statuts du parti) et, par conséquence, la fin de la Belgique comme nous l’avons connue jusqu’à présent.

En Suède, il n’y a tout simplement pas de parti indépendantiste qui voudrait qu’une partie du territoire fasse sécession.

  • Un gouvernement de centre-gauche
De l’encre a déjà beaucoup coulé afin de déterminer la tendance générale du nouveau gouvernement fédéral belge : de droite, des droites, de centre-droit, d’ultra-droite, de libéral-conservateur, de néoconservateurs, etc. etc.. Si les partis au pouvoir se différencient sur certaines théories, une chose est claire, le gouvernement n’est pas de centre-gauche.

Tout le contraire donc du nouveau gouvernement suédois qui allie les socio-démocrates (Socialdemokraterna) aux verts (Miljöpartiet).

Des inspirations suédoises

Si, néanmoins, un parallèle doit être fait, il s’agirait d’analyser de quoi le nouveau gouvernement devrait s’inspirer dans le modèle suédois. Mis à part la parité hommes-femmes évoquée plus haut (et qui devra sans doute faire l’objet d’un billet à part entière vu l’importance et la complexité du sujet), il y a un point sur lequel, à mon sens, les Suédois (et peut-être/sûrement d’autres pays) ont eu un éclair de génie (qui, pourtant, devrait couler de source). Tant au niveau national que communal, il existe des départements dédiés à la stratégie et à l’avenir.  Un ministère national qui a pour mission d’avoir une vision du futur, en cohérence avec les autres ministres, de définir les priorités, de planifier les années et décennies à venir, de se projeter, de penser sur le long terme, d’envisager différents scénarios, etc.

Au vu de certaines décisions prises tant au niveau communal et régional (bruxellois, par exemple) que fédéral, une meilleure projection dans le futur afin de déterminer les politiques et reformes à mettre en place aujourd’hui vaut le coup de s’y attarder.

Quant à la manière d’appeler le nouveau gouvernement fédéral belge, il me semble que la tradition (de plus de 180 ans) peut continuer sans problème, à savoir d’accoler le nom du Premier Ministre (« Gouvernement Michel »). Si toutefois on veut vraiment distinguer ce gouvernement, l’idée suggérée par Fabrice Grosfilley me paraît cohérente et intéressante : le « Gouvernement libéral-flamand ».

RF

Ce billet a été rédigé en écoutant l’album ”Shallow” de Sea Oleena